Sauvetage à Sète

Extrait du journal «  le messager de Provence », 21 février 1867

 

À propos de tartanes, on nous écrit de Cette :

          Le 18, on apprit qu’un brick grec était venu à la côte la veille au soir et que 5 hommes de l’équipage s’étaient jetés à la nage et avaient été recueillis sur le rivage et trois autres étaient dans la mâture à attendre du secours.  À cette nouvelle, le commandant Trotabas, de l’aviso le Favori, part avec un canot par le canal qui longe la mer, se dirige sur l’endroit indiqué ; le canot n’allant pas assez vite au gré de son impatience, il fait la route à pied et arrive bien avant sur le lieu du sinistre, éloigné de Cette de 16 kilomètres, il apprend qu’un nouveau malheur vient d’arriver ; une embarcation, la seule dont on put disposer, après cinq ou si tentatives pour aller à bord, venait de chavirer et un des sauveteurs s’était noyé.

 

          Il fait un appel aux hommes de bonne volonté, deux se présentent , il en fallait au moins six, mais tout le monde est encore sous l’impression de l’accident qui vient d’arriver, la mer était furieuse et la réussite n’était pas sûre. Le commandant envoie chercher le reste de son équipage, tout le monde couche sur la plage et au jour, une embarcation montée par le commandant, 4 hommes de l’équipage, un douanier, un pêcheur, le maître de manœuvre à la barre, accoste le navire après mille difficultés et peut opérer le sauvetage de ces trois malheureux qui depuis quatre jours étaient dans la mâture sans vivres et sans eau.

  

          On ne saurait trop lourd le courage énergique du commandant Trotabas et des hommes, qui, au péril de leur vie, l’ont suivi dans l’embarcation. Ce brave officier  n’en est pas du reste à son coup d’essai. Il avait déjà fait ses preuves lors du naufrage de  l’Emma  dans le golfe de Fos.